Au dessous du creux poplité
Deux types de veines perforantes peuvent être distinguées au-dessous du losange poplité
- les veines perforantes sans relation avec les veines intramusculaires : elles relient directement les veines superficielles avec des veines profondes intermusculaires (veines tibiales antérieure ou postérieure, veines péronières, tronc tibiopéronier) (figure 97);
- les veines perforantes reliées aux veines intramusculaires : elles font communiquer les veines superficielles avec les veines jumelles ou soléaires (figure 98) et apparaissent souvent multiramifiées (Figure 99), reliant ainsi les réseaux superficiel, intermusculaire et intramusculaire.
Il existe également des veines perforantes transgémellaires du muscle soléaire qui relient une veine superficielle et des veines du muscle jumeau interne et du muscle soléaire.
Fonctionnellement, les veines perforantes directes sans relation avec les veines intramusculaires représentent une soupape de sécurité en cas d’obstacle positionnel à l’écoulement sanguin superficiel sur les réseaux saphènes (étirement, compression en croisant les jambes). Parmi celles-ci, les plus importantes sont les veines perforantes de Boyd et celles de Cockett. En revanche, en cas d’hyperpression dans le réseau veineux profond, leur trajet court et direct favorisera l’apparition de lésions cutanées à leur niveau.
Parmi les veines perforantes reliées aux veines intramusculaires, les principales sont les veines perforantes jumelles internes. Elles sont le plus souvent multiramifiées et reçoivent de fines collatérales issues du corps charnu du muscle. Drainant ainsi leur propre territoire musculaire, elles servent d’intermédiaire à la pompe musculaire du mollet pour agir sur les réseaux saphènes et les arcs intersaphènes. Pour Gillot, une veine perforante jumelle est non seulement une branche de la veine jumelle réceptrice, mais aussi, dans son segment initial, partie intégrante de cette veine jumelle.
Quand le réseau veineux intramusculaire est le siège d’une hyperpression (dilatation ou incontinence des veines jumelles, insuffisance de la pompe musculaire, obstacle à l’écoulement sanguin), les connexions intersaphènes transgémellaires peuvent assurer la diffusion du reflux vers les troncs saphènes, les arcs intersaphènes et/ou les collatérales.
La richesse du réseau des veines perforantes jumelles internes, en association avec les arcs intersaphènes, transforme le segment moyen du tronc saphène externe en un véritable carrefour échangeur de courants entre les troncs saphènes externe, interne et jumeaux internes.
En outre, la saphène externe est le plus souvent sus-aponévrotique dans cette zone. On comprend dès lors qu’à l’inverse de ce que l’on observe pour le territoire saphène interne, le tronc saphène externe puisse présenter un calibre supérieur à celui de sa crosse. L’exploration ultrasonore du tronc devra donc être aussi détaillée que celle de la crosse et des reflux hauts. Une cartographie précise des arcs intersaphènes et des veines perforantes jumelles s’avère indispensable. L’absence de ces données expliquera certains échecs des crossectomies saphènes externes isolées.
Enfin, on peut décrire deux portions aux veines perforantes intramusculaires (figure 100)
- la première, sous-aponévrotique, est la plus longue. Son trajet est descendant jusqu’à ce qu’elle traverse l’aponévrose en décrivant une courbure concave vers le haut;
- la seconde, sus-aponévrotique, chemine de façon ascendante sur une distance beaucoup plus courte.
Ces veines perforantes sont dotées de deux à trois valvules qui siègent à leur origine et dans la zone de leur passage transaponévrotique.
Pour en savoir plus
Dortu J., Dortu JA. Les veines perforantes du membre inférieur : physiologie et physiopathologie. Phlébologie, 1994; 47: 167-75.
Gillot C. Les veines perforantes inférieures de la jambe, de la cheville et du pied. Phlébologie, 1994; 47: 76-104.
Thomson H. The surgical anatomy of the superficial and perforating veins of the lower limb. Annals of the Royal College of Surgeons, 1979; 61: 197-205.