Aspects anatomiques
L’étude du réseau veineux musculaire du mollet permet de mieux comprendre la pathologie veineuse. C’est en effet à ce niveau que se dessinent les relations étroites qui unissent les cinq acteurs de l’hémodynamique veineuse : la pression intraveineuse, la paroi veineuse, les valvules, le muscle périveineux et l’aponévrose musculaire. A l’évidence, la notion d’anatomie fonctionnelle prend ici sa pleine valeur.
Le mollet représente une importante masse musculaire correspondant au muscle triceps sural. Celui-ci comporte deux plans : l’un superficiel, les muscles jumeaux interne et externe, l’autre profond, le muscle soléaire. Issus de la partie distale du fémur, ces muscles se rejoignent en bas pour former le tendon d’Achille.
Les veines jumelles ou gastrocnémiennes se situent au sein même des muscles jumeaux interne et externe (figure 73). Les veines jumelles externes sont beaucoup plus grêles que les veines jumelles internes. Il se forme un réseau veineux dense intramusculaire qui se réunit en un tronc commun extramusculaire qui chemine sur 1 à 4 centimètres dans le tissu cellulograisseux lâche du creux poplité.
Ce tronc commun extramusculaire des veines jumelles s’abouche :
- soit directement dans la veine poplitée, à angle aigu, très obliquement, de façon presque verticale au-dessus de la veine poplitée; ceci permet aux veines jumelles d’assurer un rôle d’amortisseur en cas d’à-coups brutaux de pression dans la veine poplitée;
- soit dans la jonction saphénopoplitée au niveau de la concavité de la saphène externe; ce mode d’abouchement rend plus difficile la réalisation d’une crossectomie saphène externe au ras de la veine poplitée;
- soit à la fois dans la veine poplitée et la saphène externe par une terminaison en lambda.
Au sein du creux poplité, les veines jumelles et la saphène externe diffèrent quant à leur aspect macroscopique. Bleutées, les veines jumelles ont une paroi fine et peu musclée, mais très élastique. En revanche, la saphène externe, située dans un plan plus superficiel, conserve l’aspect nacré des veines du réseau sous-cutané.
Les veines jumelles intramusculaires forment un réseau veineux dense qui se ramifie et s’anastomose dans la masse même du tissu musculaire (figure 74).
Au pôle inférieur du mollet, l’une des branches les plus volumineuses émerge du muscle jumeau interne, là où la masse musculaire fait place au tissu membraneux : c’est la veine perforante gemellaire ou veine perforante polaire inférieure de Gillot (voir figures 93 et 100).
Les veines soléaires se placent dans un plan musculaire plus profond. Elles se réunissent en un ou plusieurs troncs principaux qui s’abouchent soit dans une veine tibiale postérieure, soit dans une veine péronière. Contrairement aux veines jumelles, leur portion extramusculaire est très courte. Néanmoins, elles reçoivent comme les veines jumelles, une veine perforante au pôle musculaire inférieur. Celle-ci communique avec le réseau des veines jumelles ou directement avec le réseau superficiel saphène externe.
La disposition générale du réseau intramusculaire des veines soléaires est variable. Elle peut être à prédominance verticale et l’abouchement peut se réaliser par un tronc commun unique dans le réseau tibial postérieur ou péronier. A l’opposé, elle peut présenter une dominante horizontale et comporter un abouchement dans le réseau tibial postérieur ou péronier par de multiples arcades intramusculaires étagées.
Pour en savoir plus
Daniel C. Le syndrome des veines jumelles. Actualité Vasculaire Internationale, 1992; 6 : 16-22.
Gillot C. La perforante polaire inférieure du muscle jumeau interne. Phlébologie, Édition Médicale Média Internationale, Congrès de Bruxelles, vol 1, 1983.
Thierry L. Physiology of the muscular veins. Phlébologie, Éditions John Libbey Eurotext, Montréal 1992.
Van der Stricht J. Staelens I. Les veines musculaires du mollet. Phlébologie 1994; 47, 2: 135-43.