Des rapports anatomiques et fonctionnels des veines et des muscles
Le système veineux humain s’est progressivement adapté aux impératifs fonctionnels que lui imposait l’évolution.
Ainsi s’est progressivement établie une sorte de « compromis » qui nous permet aujourd’hui de décrire schématiquement trois grands secteurs veineux : celui de la tête, celui des viscères profonds qui représente un véritable réservoir de sang veineux et, enfin, celui des membres inférieurs.
En ce qui concerne la circulation veineuse céphalique, l’examen des os temporaux et occipitaux de nos lointains ancêtres nous apporte des éléments déterminants sur la « spécialisation » progressive du système veineux. Ces os apparaissent en effet criblés de petits orifices, les foramen émissaires, témoins fossiles du développement des veines émissaires.
En traversant la boîte crânienne, ces vaisseaux sont une source d’échanges, notamment d’énergie calorique, entre la masse cérébrale et le milieu extracrânien. Au fur et à mesure de l’évolution, le nombre de ces foramen va en s accroissant. De l’Australopithèque à l’Homo sapiens, on assiste à leur multiplication, parallèlement à l’adaptation de l’Homme à
la station debout et au développement de son cerveau. Cette diversification du système veineux céphalique trouve sa justification fonctionnelle dans l’impérieuse nécessité d’assurer la thermorégulation d’un cerveau de plus en plus volumineux, qui ne peut supporter une élévation de température supérieure à 5’C,
Au niveau des membres inférieurs, la problématique s’est avérée bien différente. Le tissu majoritaire y étant le muscle, la fonctionprioritaire des veines est devenue le transport des toxines musculaires. Ainsi se sont progressivement établies de très riches relations entre
les cinq principaux acteurs de l’hémodynamique veineuse : les muscles, les aponévroses musculaires, les parois veineuses, les valvules et la pression hydrostatique. Une équation extrêmement complexe qui
se complique encore si l’on y intègre d’autres paramètres comme la pompe respiratoire, la pompe cardiaque, la pression tissulaire ou la pression artérielle résiduelle.
Le retour du sang veineux est ainsi un mouvement à paramètres multiples. Des équations déterministes tentent bien de le décrire, mais il est généralement imprévisible et obéit bien plus aux lois des systèmes chaotiques.
En pratique, on retiendra l’extrême variabilité de ce système veineux formé de veines dédoublées, détriplées, sinueuses, plexiformes.
D’un point de vue hémodynamique, la situation est d’autant plus délicate qu’elle est intimement fonction des variations de pression, variations. de pression dont les origines sont elles aussi multiples :
- la position du sujet qui conditionne la pression hydrostatique,
- la respiration (effort en apnée, toux…),
- les compressions, strictions, obstructions des veines :les veines profondes passent souvent dans des défilés fibreux auxquels adhèrent leurs parois. Dans les conditions normales, la lumière veineuse reste ouverte. Certaines situations de flexion ou d’extension peuvent entraîner des compressions au niveau du canal calcanéen (veines plantaires), de l’orifice supérieur de la membrane interosseuse (veines tibiales antérieures), de l’anneau du muscle soléaire (veines tibiales postérieures), de l’arcade du muscle fléchisseur du gros orteil (veines péronières), sans compter les compressions de type syndrome de Cockett, les rebords de chaise, les jambes croisées,
- le diamètre des troncs veineux, la paroi veineuse de par ses propriétés visco-élastiques peut se distendre à la faveur d’un orthostatisme prolongé ou sous l’influence de stimuli neurochimiques ou hormonaux.
La pompe valvulomusculaire représente certainement le moyen le plus efficace de faire diminuer la pression hydrostatique. Elle peut être décomposée en trois unités motrices : la pompe plantaire, la pompe jambière et la pompe crurale. La première est formée par les volumineuses veines plantaires internes et externes qui convergent
en arrière vers les veines tibiales profondes et, à un moindre titre, en avant vers les veines tibiales antérieures via les veines pédieuses.
La pompe jambière est essentiellement constituée par les veines jumelles et soléaires. Cette deuxième pompe confère à la veine poplitée un rôle de carrefour veineux, siège potentiel d’hyperpression et de
freins circulatoires. Enfin, la pompe crurale regroupe les veines fémorales, quadricipitales, ischiojambières et fessières. Le relais est ensuite pris par la pompe thoraco-abdominale respiratoire.
Au repos, c’est essentiellement par son tonus pariétal que la veine s’opposera à l’élévation de la pression. A l’effort, la capacité des pompes valvulomusculaires à contrôler la pression dépendra
- de la force de contraction des muscles du mollet,
- de l’amplitude du mouvement de contraction-étirement,
- du nombre de contractions,
- de l’absence de frein circulatoire.
Toutes ces notions affirment l’étroitesse des liens qui unissent l’anatomie et l’hémodynamique veineuses. La prise en compte de ces relations que nous avons développées tout au long de
cet Atlas se révèle une étape incontournable avant de préciser le caractère pathogène de toute anomalie, notamment celui des reflux sanguins.