Anatomie chirurgicale
Des veines superficielles humaines, la veine saphène interne est la plus longue. Elle naît en avant du bord antérieur de la malléole interne (premier repère anatomique constant).
A la jambe, son trajet est rectiligne. Elle monte ainsi verticalement en arrière du bord interne du tibia. Elle y est accompagnée par la branche jambière du nerf saphène interne. De ce rapport anatomique découle bien sûr un risque de troubles dysesthésiques au décours d’un éveinage.
Au genou, la veine saphène interne chemine en arrière du condyle , interne du fémur (deuxième repère anatomique constant). Elle parcourt alors superficiellement la région interne de la cuisse en restant parallèle au bord interne du muscle couturier.
Deux structures nerveuses l’accompagnent le nerf accessoire du nerf saphène interne et la branche antérieure du nerf musculo-cutané interne.
Au triangle de Scarpa, la veine saphène interne se recourbe vers la profondeur en décrivant une crosse. Elle perfore ainsi le fascia cribriformis immédiatement au-dessus du ligament d’Allan Burns. Ce dernier correspond en fait à un renforcement, à un repli du fascia cribriformis. La crosse de la veine saphène interne s’ouvre alors à la face antérieure de la veine fémorale commune à 4 centimètres au-dessous de l’arcade crurale (troisième repère anatomique constant).
A ce niveau, ses rapports les plus immédiats sont :
- lymphatiques
La crosse saphène interne peut entrer en contact avec un ganglion lymphatique situé dans sa concavité (Rouvière) ou encore être entourée par 4 groupes de ganglions lymphatiques : supéro-externe, supéro-interne, inféroexterne et inféro-interne;
- artériels
L’artère honteuse externe inférieure, branche de l’artère fémorale, passe souvent dans la concavité de la crosse saphène en la croisant. Exceptionnellement, en cas de bifurcation artérielle fémorale haute, l’artère fémorale profonde peut jouxter la jonction saphéno-fémorale. La prise en compte de ces deux particularités mettra à l’abri de toute plaie artérielle;
- nerveux
L’innervation cutanée de cette région est assurée par des nerfs issus de la branche crurale du nerf génito-crural. Celui-ci se place en dehors et à distance de la jonction saphénofémorale. Il est ainsi peu exposé lors des crossectomies.
La crossectomie est l’un des gestes essentiels de la chirurgie des varices. Sa réalisation comporte la dissection de plusieurs plans :
– la peau,
– le panicule adipeux, souvent composé d’épaisses lamelles,
– le fascia cribriformis que traversent la veine saphène interne et ses collatérales. Il s’agit en fait d’une région particulière du fascia lata. Sa consistance est celle d’une membrane épaisse sauf au niveau de la fosse ovale où le fascia lata devient poreux et réticulaire pour devenir le fascia cribriformis. Les ganglions lymphatiques sont situés en avant de lui.
Après résection du fascia cribriformis, la fosse ovale apparaît entourée par le ligament falciforme d’Allan Burns. On y retrouve, de dedans en dehors, les ganglions inguinaux internes, la veine fémorale commune dans laquelle s’abouche la crosse de la veine saphène interne, puis l’artère fémorale.
Certains auteurs préconisent de refermer le fascia lata après toute crossectomie afin de limiter les risques de récidive. Ce geste reste néanmoins controversé puisqu’il pourrait favoriser la survenue de lésions lymphatiques (lymphorrhée post-opératoire).
Pour en savoir plus
Frileux C. Les varices essentielles des membres inférieurs et leur traitement. Baillère édit., Paris, 1977.
Haeger K. The surgical anatomy of the sapheno-femoral and the sapheno-popliteal junctions. J. Cardiovasc. Surg. 1962, 3 420-427.
Perrin M. L’insuffisance veineuse chronique des membres inférieurs. Medsi édit., Paris, 1990.